Itv dans le cadre de “Aspëkt 11 : Expolaroid, récits réels et imaginaires”

La vie du collectif Aspëkt… Alors que l’exposition « Aspëkt #11 : Expolaroid, récits réels et imaginaires » bat son plein au coworKaffe à Namur, 
Marion Cambier – une de nos deux hôtes, architecte d’intérieur et scénographe – avait envie de mieux faire connaissance avec les différents participants à l’exposition pour pouvoir les présenter ensuite aux utilisateurs du lieu, un bouillonnant hub créatif juste en face du cinéma Cameo.



Au fur et à mesure des permanences des uns et des autres, Marion pose ses questions… Ci-dessous, voici la retranscription de mon entretien avec elle. Vous pouvez en retrouver toute une série d’autres sur le site d’Aspëkt, juste ici.


____Quelle est ta première expérience avec la photographie ?

Les nombreuses photographies de famille – soigneusement classées dans
des albums – marquent ma première expérience avec la photographie. Ma
mère avait une espèce d’obsession constante de documenter les moments
importants de la vie et de les archiver. A la fin des années 70, vers
mes sept ou huit ans, j’allais souvent rechercher dans un tiroir haut
perché un vieil album dédié à un enterrement… Les scènes me fascinaient…
J’en garde parfaitement en mémoire les images d’un corbillard tracté
par des chevaux, le tout recouvert de parures de velours et de plumes
noires. Je garde aussi en mémoire qu’à l’époque, la consultation des
albums photos se faisait de manière respectueuse de l’objet. Il fallait
veiller à tourner les pages sans toucher les photos… Un rituel dont j’ai
pris le contre-pieds complet aujourd’hui en manipulant mes propres
photos (rires).


____Tu fais partie du collectif namurois ou bien tu es invité dans le cadre de l’exposition ?

Depuis toujours, ma vie est rythmée par la musique et l’image. Dans
la foulée de la création du Belvédère en 2007, c’est assez logiquement
que j’y ai mis en place le projet Aspëkt en 2010 avec la complicité de
mon frère Johan Flamey (graphiste de formation). Le public montait bien
évidemment au Belvédère pour assister à des concerts mais je trouvais
intéressant de le confronter également aux arts plastiques et visuels.

L’idée initiale n’était pas de faire d’Aspëkt un collectif (qui est
sa forme aujourd’hui) mais simplement de proposer des expositions lors
desquelles le travail d’une dizaine de photographes et plasticiens
étaient à chaque fois montré. Simultanément un zine/objet était édité à
quelques exemplaires. Une manière d’offrir deux lectures, deux
expériences, deux temporalités au public.

Pour de stupides questions de subsides, j’ai été contraint de quitter
l’aventure du Belvédère mais j’ai pris soin d’emporter le projet Aspëkt
dans mes cartons pour lui donner une vie nomade. Sur la route, à force
de rencontres avec toute une série d’artistes, des liens se créent avec
certains. Des envies de faire un bout de chemin ensemble apparaissent.
Construire quelque-chose de commun comme dans un couple (rires). Et
voilà comment Aspëkt est devenu un collectif.


____Qu’est-ce qui t’a amené à la photographie dite instantanée ?

En parallèle à tout ça, je pratiquais la photographie sans pour
autant me considérer comme photographe. J’ai d’ailleurs encore du mal à
l’affirmer aujourd’hui. Chose certaine par contre, avoir croisé le
chemin d’Olivier Calicis représente un événement marquant dans mon
parcours. Il fait partie de ceux qui m’ont introduit pour la première
fois à la notion « d’intention photographique », ce qui m’a permis
ensuite d’interroger mon travail et de trouver une voie, notamment dans
l’expérimentation. Une expérimentation qui m’amène à désacraliser
l’image. En ce sens, le Polaroid est le medium parfait. Cela me permet
de travailler autant sur le contenu de l’image que sur sa matérialité.
Toucher la photo en tant qu’objet physique – qui peut être plastiquement
manipulé – est juste passionnant ! Je l’attaque au sens propre. De
manière empirique, je creuse l’image avec différents produits mordants
pour découvrir ce qui va se révéler de neuf dans l’image.


____Plutôt réel ou imaginaire ?

Imaginaire ! Dans ma pratique d’auteur, je prends le contre-pied de
mon métier de tous les jours en communication et storytelling qui
nécessite de faire preuve d’hyperréalisme et où je fais appel à la
photographie pour créer des images communicantes. A l’inverse, une fois
en dehors de mon job, j’aborde la photographie comme une écriture intime
que je partage dans le but de toucher l’imaginaire de celui qui
regarde. L’imaginaire comme une échappatoire au réel, animé par l’envie
que le spectateur ressente d’abord mes images avant de les comprendre.
Du coup, je me mets moi-même dans une sorte d’état d’ivresse au moment
de créer ces images, comme autant de parenthèses entre lesquelles je me
laisse porter par mon environnement. Comme disait Blaise Pascal «
l’imagination décide de tout » !

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